Susan Fang Ss26 quand le rêve devient réalité

Susan Fang Ss26 : quand le rêve devient réalité

Dans la serre luxuriante du Barbican Conservatory, la créatrice sino-britannique nous transporte dans le futur : innovation textile et vision futuriste sont les maîtres-mots.

Sous la verrière du Barbican Conservatory, la danseuse Kat Collings évolue en apesanteur tandis que résonnent les notes lancinantes du steel pan. Susan Fang nous convie à un voyage temporel audacieux dans le futur : direction l’an 5202, dans l’univers de Nasus – Susan inversé – où technologie et nature ne font plus qu’un depuis trois millénaires.

« Nous espérons vous emmener dans notre imagination sci-fi du monde en 5202 », confie la créatrice en backstage, le regard illuminé. Ce soir, elle ne présente pas simplement une collection printemps-été 2026, elle offre une fenêtre sur un futur désiré et désirable.

Le Barbican, écrin d’une utopie

Le choix du lieu n’est pas anodin. « Le Barbican est vraiment parfait car son architecture est très futuriste, mais il y a tellement de verdure », explique Susan. Un équilibre s’établit, propice à son histoire. Les immenses installations de bulles – véritables vaisseaux spatiaux suspendus – interagissent avec le narratif, créant une atmosphère onirique entre béton brutaliste et jungle tropicale.

« Le Barbican est l’un de ces lieux où la nature a presque pris le dessus sur cette architecture très techno. Si vous regardez le bâtiment, nature et technologie ne s’affrontent pas mais sont réunies pour le meilleur », ajoute-t-elle.

Cette serre centenaire, avec ses fougères plantées dans les années 1980, devient le décor idéal pour cette collection « Air-Evolution » qui imagine précisément cette cohabitation harmonieuse.

L’alchimie d’un couple créatif

Derrière cette vision se cache en réalité une histoire d’amour qui nourrit chaque broderie, chaque vêtement. C’est en 2022, suivant les conseils de sa voyante, que Susan télécharge une application de rencontre. Le profil d’Orelio de Jonghe apparaît. Elle hésite car il n’est pas son genre, mais cette nuit-là, une fleur rose s’épanouit dans ses rêves. Au réveil, elle cherche la signification dans l’interprétation chinoise : le véritable amour !

Ce n’est que trois ans plus tard – en juin dernier – qu’ils se marient au Breeze Auditorium de Shanghai, entourés de 3 000 roses. Susan porte deux robes florales créées par sa mère, préfigurant déjà la sensualité végétale de cette collection.

Aujourd’hui, Orelio – ancien ingénieur chez Dyson – co-crée officiellement les accessoires de la marque. « Pour nous, l’expérimentation est toujours vraiment importante », explique-t-il lors de notre entretien exclusif. « Cette saison, nous voulions vraiment pousser la technologie et créer par ordinateur quelque chose qui semble très naturel. Nous incluons ensuite ces créations générées par informatique comme accessoires dans un sac. »

Le résultat est remarquable et fascinant : champignons imprimés en 3D, structures coraliennes devenues sacs et lunettes, robe violette hypnotique. L’ancien ingénieur de Dyson utilise la simulation informatique pour « cultiver » numériquement ces formes organiques, créant une alchimie rare entre rigueur technique et poésie textile.

« Nous nous concentrions sur l’artisanat dès la création de notre marque », poursuit Susan, « et c’est toujours en cela que nous croyons. »

Une technique au service de la vision

En backstage, la technicité des pièces révèle un savoir-faire exceptionnel. Le « smock à bulles perlées » – quatre mois de perfectionnement – confère une élasticité organique aux matières. Les perles forment des motifs scintillants sur des robes transparentes d’une fluidité hypnotique.

Le « puzzle aérien », où des pièces circulaires inspirées du corail s’assemblent en patchworks tridimensionnels, génère des volumes qui ondulent au moindre mouvement. Les broderies de plumes aux dégradés pastel, les superpositions d’organza et de tulle révèlent une sophistication digne de la haute couture.

Les emblématiques « Air Flowers », co-créées avec sa mère, s’épanouissent rangée après rangée. Chaque pétale témoigne d’une transmission, ce savoir-faire maternel sublimé par une vision contemporaine.

Des collaborations qui transcendent la mode

« Ces pièces ne sont pas ce que vous porterez tous les jours. C’est pourquoi nous faisons aussi des collaborations avec d’autres marques qui peuvent rendre ces modes accessibles et les transformer en chaussures », explique Susan.

Nike dévoile ainsi des baskets dans un bleu ciel délicat ornées d’un Swoosh perlé et d’appliqués floraux sur jacquard. Rockfish Weatherwear propose des bottes duveteuses parées de bulles et de nœuds en ruban, tandis que Melissa célèbre les fleurs de cerisier – « symbole d’amour par excellence en Chine » – dans des ballerines aux dégradés poétiques de vert, rose et bleu.

« Nous avons un partenariat à long terme avec Nike depuis deux ans », précise Orelio. Une manière de démocratiser leur univers sans trahir leur vision artistique.​​​​​​​​​​​​​​​​

Par Hayat, Envoyée spéciale à la London Fashion Week